Le Bois de BORNE

création, délimitation de la forêt de la Bornotte

Bientôt le temps des affouages (1) ; les parcelles sont délimitées, les lots attribués.

Mais, s’il apparaît que cela est bien ordonné, régi, réglementé ce n’était nullement ainsi au début du 19ème siècle. C’est ce que nous allons vous faire connaître en vous faisant savoir que c’est le 15 Brumaire de l’an II (soit le 4 novembre 1802), le conseil municipal de Serrigny saisit le citoyen Préfet de la Côte d’Or, pour lui faire part de son souhait de voir cesser l’indivision de la forêt de la Bornotte en expliquant (ci-après, intégralement reproduit) ses raisons.

Dans ces écrits nous pouvons ainsi découvrir que notre bois de Borne était peuplé de loups…

«Au Citoyen Préfet du département de la Côte d’Or et au Conservateur du 18ème arrondissement forestier.

Le maire de la commune de Serrigny à lui joint le conseil municipal de la dite commune expose.

L’indivision dont il s’agit a donné lieu à des abus considérables, aussi la forêt de Bornotte quoiqu’assise dans un excellent sol tout essence de chaîne est dans un état de dégradation inconcevable sur tout du coté du village de Corgoloin, des hameaux de Lonvais et de Corcelles, lorsqu’il faut partager les coupes annuelles, et qu’elles se trouvent dans des parties dégradées ou broutées, il s’élèvent des plaintes et des contestations de communes à communes, choses essentielles à faire cesser.

L’aménagement de la forêt de la Bornotte est d’ailleurs fait d’une manière très inconcevable puisqu’il existe aucune route, ni tranchée…

La forêt est tellement fourrée qu’à peine on peut y pénétrer, aussi, elle est la retraite des loups qui chaque année font des ravages considérables sur le bétail des habitants voisins.

Tant d’abus, tant d’événement, les dissensions des communes, exigent qu’on prenne le parti de faire cesser l’indivision de la forêt de la Bornotte et d’en faire le partage entre toutes les communes de la même manière qu’elle partagent les coupes annuelles, c’est-à-dire à raison de la population de chaque commune. Depuis longtemps on le désire et cependant on a toujours attendu pour le demander. »

Suite à cela, le Préfet chargera Nicolas PERILLE, géomètre forestier de lui adresser rapport et proposition…

Ce qu’il fit et dont nous reproduisons ici, les conclusions….

« M’étant ensuite occupé de la Division de la dite forêt entre les communes copartageantes et celles-ci n’ayant produit aucuns titres particuliers,  qui fixassent la quotité du droit de chacune d’elles à la dite propriété ; m’étant d’ailleurs assuré que de tout temps elles avaient partagé le bois provenant des coupes annuelles, à raison de leur population ; j’ai cru devoir procéder au dit partage d’après la même base et pour cet effet j’ai fait demander les états de population des dites communes…

Chaque individu ayant un droit égal dans la chose à partager, la portion de chaque commune dans la dite forêt doit être à l’égard du nombre d’hectares qu’elle contient ce que la population particulière est à la population générale des quatre communes ; cette proportion détermine pour chacune d’elle, les quantités ci-après

La commune de Serrigny et dépendances pour la population de 1 133 individus, à prendre dans la masse de la dite forêt, la quantité de 454 hectares 69 ares.

Celle de Corgoloin et dépendances pour la population de 598 individus, aura à prendre dans la dite forêt la quantité de 239 hectares 99 ares.

Celle de Longvay pour sa population de 149 individus, aura dans la dite forêt, 59 hectares 80 ares.

Enfin celle de Prissey une population de 77 individus, aura dans la dite forêt la quantité de 30 hectares 90 ares.

Lesquels rapport et plan, je certifie exact et véritable. En foi de quoi je me suis renseigné à Dijon le trente Brumaire an douze de la République française. »

A ce jour, la surface forestière de Corgoloin s’élève à 267,65 hectares.

Les forêts sectionales de Corgoloin, Cussigny et Moux sont à vocation chêne rouvre, le chêne pédonculé ne trouvant pas sa place sur ce type de sol et montrant des signes de dépérissement. Les merisiers, tilleuls et hêtres existent, comme le charme, le bouleau et le tremble. On note également la présence du chêne de juin, hybride entre chêne pédonculé et chêne sessile fleurissant plus tardivement.

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La différence entre le chêne pédonculé  et le chêne rouvre est que les glands du chêne pédonculé sont séparés de la branche sur laquelle ils poussent par le pédoncule, une petite tige, alors que les glands du chêne rouvre poussent directement sur la branche.
Le Chêne pédonculé est un arbre à feuillage caduc originaire des régions tempérées d’Europe, appartenant à la famille des Fagacées. Son fruit est porté par un long pédoncule.
Le Chêne rouvre ou Chêne sessile, est un arbre des forêts des régions tempérées de l’hémisphère nord de la famille des Fagacées.
 (1) Sous l’Ancien Régime, les communautés rurales, surtout dans la moitié Nord de la France, détenaient, en biens communaux indivis, des terrains, notamment des forêts et des pâturages. Certaines communes actuellement détiennent encore des forêts communales.
Les conseils municipaux de nombreuses communes forestières accordent à leurs habitants la possibilité de se procurer le bois nécessaire à leur chauffage domestique en le prélevant dans la forêt communale : c’est l’affouage.
Les volumes de bois concédés à l’affouage doivent être en rapport avec les besoins de l’affouagiste, c’est pourquoi le partage se fait surtout par feu (par foyer fiscal en fait). Le bénéficiaire ne peut vendre que le bois de chauffage qui lui a été destiné en nature (article L-145-1 du Code Forestier).